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Lettre ouverte

Chers extra-terrestres,

J’imagine que vous êtes un peu surpris en arrivant dans notre monde. Je vous écris donc cette rapide missive pour vous mettre au jus (expression de jeunes de notre monde pour dire « au courant », tout lien avec l’électricité est fortuit, pas la peine de paniquer !) de comment marche un peu notre monde.

On a tous besoin de se rassurer et de ne pas se sentir seuls (tout en cherchant à être unique et en étant de plus en plus intransigeants sur les défauts des autres). Alors on essaie de reproduire un schéma dessiné il y a plusieurs millions d’années : la famille. Un papa, une maman, des enfants. Mais de plus en plus, ce schéma s’efface de nos ADN et on ne sait plus trop finalement, qui on doit être, comment on doit/peut se définir. Alors on est un peu perdus. On essaie de se retrouver d’autres manières : en s’habillant tous pareil, ou encore en regardant les mêmes émissions de télévision.

A un de mes petits amis bien plus agé que moi qui me disait, « je sais très bien que je ne suis pas ton avenir, et j’envie celui qui sera ton avenir », je répondais « mais voyons, mon avenir, c’est moi, ça n’est personne d’autre. » Ça sera peut-être potentiellement éventuellement sur-un-malentendu-ça-peut-marcher un petit bout (nom affectueux désignant un enfant) mon avenir, mais ça ne sera certainement pas un homme. Ni même une femme.

Pourtant, j’en ai aimé des hommes. Je les ai aimés fort et violemment. C’était dur. Et puis, un jour c’est parti.


Aujourd’hui, j’ai eu le premier homme de ma vie au téléphone. On est restés ensemble 2 ans, à l’époque où je croyais qu’il serait le seul homme de ma vie, au lycée. On s’est aimés si forts qu’on a même pensé à tout arrêter là, pour mourir heureux et pleinement.

Et puis, finalement, on s’est rendus compte qu’on était jeunes. Que c’était un peu démodé de ne connaître qu’un seul amour dans sa vie. Alors on est partis chacun de son coté. Bon, parfois, l’un ou l’autre essayait de retrouver cet amour perdu. Mais comme le disait si bien l’ex homme de ma vie « on est une vieille branche l’un pour l’autre, à laquelle on s’accroche quand çà va pas bien. » Je l’avais remercié au passage d’avoir évité l’adjectif « pourrie » pour qualifier la vieille branche.

Bref, on s’est appelés aujourd’hui. Banalités d’usage. Où est passé notre amour ? A quoi çà sert que l’on continue à s’appeler ? Pourquoi ? Encore un des grands mystères de l’humanité que n’a pas encore résolu Sciences & Avenir.

Et puis, l’autre mystère, c’est aussi : pourquoi on aime et pourquoi on n’aime plus ? On prend souvent exemple sur ses parents. Mes parents s’aiment profondément et charnellement. Enfin, s’aimaient en tous cas. Je les entendais faire l’amour dans la chambre à coté de moi. Enfin, j’entendais surtout ma mère. Qui disait surtout « non, non, non ». Mais avec un ton qui voulait dire oui, mais çà, je l’ai appris après. La première fois que je les ai entendus, on regardait la télé mon grand frère, ma grande sœur, et moi, au rez de chaussé. Mes parents avaient la chambre au-dessus. J’entends soudain ma mère « non, non, non ». Je me lève, effrayée, je dis à ma sœur « qu’est-ce qui se passe ? il faut aider maman, ça va pas ! ». Et ma sœur me rassoit immédiatement en me rassurant : « mais non, elle va bien, papa est avec elle. »

Mais malgré cet amour déchaîné et débridé, mes parents se sont toujours disputés. Leur amour a été une éternelle source d’insatisfaction pour tous les deux. Mon père a toujours voulu changer ma mère. Ma mère a toujours aimé mon père éperdument, même quand il la traitait d’idiote ou de cerveau d’huître. Rien à faire, elle l’aimait et elle resterait avec lui toute sa vie. Même si lui hurlait dans la maison qu’il attend que la petite dernière (i.e. moi) ait le bac pour demander le divorce (nb : ça fait 5 ans que j’ai quitté la maison et ils sont toujours ensemble aux dernières nouvelles).

Ah et j’oubliais aussi : mon père a sans aucun doute trompé ma mère aussi. Résultat, une gamine de 22 ans un peu paumée qui sort avec des mecs souvent plus vieux qu’elle, qui aime follement le sexe, et qui a l’impression d’avoir un cœur de pierre. Bref, je ne crois pas que ça soit du coté de mes parents que je trouverai une explication sur ces questions métaphysiques.

Mais revenons en à nos moutons, chers extra-terrestres ! D’ailleurs, vous ai-je souhaité la bienvenue ? Je manque à tous mes devoirs. Bienvenue chez nous ! Bon, pour résumer la situation, on peut dire que notre monde peut vous être très agréable, si vous vous dirigez très vers le bureau de change le plus proche pour transformer toutes vos pépites de météorite ou gaz de cerveau en euros sonnants et trébuchants. Si vous avez une âme de poète aussi, vous pourrez glaner quelques traces de bonheur par ici. Sinon, on ne peut pas dire que notre monde soit très accueillant. Va falloir en chier comme on dit chez nous. (J’en profite pour vous apprendre tout un tas de petites expressions « idiomatiques » que vous pourrez recaser lors d’un apéro dînatoire).

Voila, maintenant que je vous ai mis en garde là-dessus, qu’est-ce que je pourrais vous dire d’autre ?

Ah oui, si vous voulez faire du business (mais surtout, ne vous sentez pas obligé, on a déjà pas mal de monde ici qui a pensé à faire du business sur à peu près tout ce qui est possible : de l’eau jusqu’à l’oxygène, en passant par les boules de Geisha, tout se vend, oui, monsieur ! Enfin, dois-je dire monsieur ? ou madame ? ou ? Bref, je m’égare dans cette parenthèse !). Donc pour revenir à nos moutons (non pas des vrais moutons ! SI vous m’interrompez tout le temps, je ne finirai jamais ! C’est une expression « revenir à nos moutons », ça veut dire reprendre le fil de la conversation. Bon). Je disais donc, que, si vous voulez faire des affaires dans notre monde, on a la théorie de la longue queue (dite aussi « the long tail theory »), qui veut que si avant le profit des vendeurs de livres se faisait sur quelques livres vendus en grande quantité, aujourd’hui, le succès de nos libraires/vendeur de CD, DVDs et autre joyeusetés font leur bénéfice sur un nombre infini de titre disponibles vendus en plus petite quantité. On parle de longue queue à cause du magnifique schéma qui illustre ce concept. Et du sens de l’humour de l’inventeur de cette théorie.


Voila, je pense que vous avez un petit kit de survie, là. Sinon, une petite astuce perso, aussi, je crois que le bonheur qu’on peut goûter est proportionnel à la peine qu’on a pu connaître. C’est ma théorie de l’intensité des sentiments, comme en physique. Quoi ? Le monde n’est pas quantique ? Merde, on en parlera plus tard alors.


Cordialement,


Bettie

4 commentaires:

Vraiment un super article.
Dans les deux dernieres annees, j'ai pu vivre et reflechir a toutes ces idees que tu annonces.

Je suis moi-meme persuadee que l'amour est une illusion.
Un peu comme le bonheur, qui fait place au malheur, l'amour se fait plus intense quand il remplit un vide.

27 août 2008 à 02:30  

je suis sous le choc de tant de mise à nue.

Pas beaucoup de certitudes ni de lois (de l'attraction). Une seule intuition raisonnée : quand ça arrive, on le sent, et on n'en voit pas la fin, surtout.

Bonne semaine

7 septembre 2008 à 23:10  

Très sympa ton article :-)
Néanmoins je ne suis pas d'accord avec toi sur un point, ce qui se passe avec tes parents est une chose ce qui t'arrive dans la vie en est une autre.. Tout ce qui arrive n'est que la conséquence de tes actes et de ta volonté, se convaincre du contraire c'est se chercher des excuses.

23 septembre 2008 à 09:22  

Merciiii

Pas entièrement d'accord avec toi, Nizar. On est quand meme le fruit d'une histoire, de choses qu'on a vues, vécues. Meme si après, il y a l liberté, la volonté, tout ca.

24 septembre 2008 à 21:34  

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